Dérive

Transporté par le courant de nos débâcles
Le lierre grimpe à ma fenêtre. L’oracle
Je chercherai, dans le lys de tes grisants
Le filtre de ta tempe sur l’oreiller. Traînant
Ayant peur, dans le froissant d’un lit désert
Que tu ne partes, sans avoir goûter à ma mer.

Ton regard, au contact de la pellicule. Enlace
Je compte. Je cherche. Je souffre dans l’espace
Une seule fois encore, ou alors cent fois le mouvement
D’une lyre, dans le trouble de ton ombre. Penchant
L’eau, noyant nos lèvres, aux goûts de larme
Aux poussières se riants des drames.

L’aveugle ombrage, d’une nuit sans gris
Et tes marques de serres. Tout au fond de mon puits
Étends-toi sur ma rive, roulis... roulant... Ô ! Mon amant !
Ton chant dépourvu de musique. Si pénétrant
Les fleurs se fanent devant tant de beauté. Séduction
Je sais qu’un jour dans la nuit. Je perdrai la raison.

Je sais que dans le cadre de ta peinture
Se cache la couchette de nos aventures
Ton pinceau glissant sur l’huile de ta création
Dessinant un nuage caché sous l’édredon
Au pourtour pavé de rose et d’illusion. Abandonné.
Tes lèvres aux saveurs des baies me goûtant. Allongée.
L’entrebâillement de la fenêtre, les yeux clos. Vision
Tes mots baignent dans le dessin de mon cœur. Passion
Nous naviguons au travers d’un réseau de jouissance
Là où l’appétence n’a plus de frontière. Avance
J’ai presque tout tu sais ? Ta photo, ta voix, tes mots...
Il ne manque que toi et l’odeur de ta peau.

Combinant les couleurs chaudes à celles de l’hiver
Aux courbes érotiques sur une toile de pierre
Surplombant la route qui mène à mes rêves
La barge recherche la grenouille marchant sur la grève
C’est bien là que mes amours s’envolent. En dérive
La lune danse romantique sur le lac qui s’enivre.

Je vogue sur un radeau sans rame
Ferme cette fenêtre qui me mène à toi
Je n’en peux plus. C’est un drame
Oublie-moi...oublie-moi...oublie-moi...
Je ne puis t’oublier...Je ne puis t’oublier...Je ne puis t’oublier....

Soupir, 2004. ©