Phillippe Deleval
ALFRED
Diable! Ce n'est pas un mauvais bougre, Alfred.Il vit
de l'air du temps, des grandes goulées d'air pur qu'il avale à pleins
poumons! Heureux de rien: d'un sourire, d'un morceau de pain mendié,
d'un mégot ramassé, d'un verre qu'on lui offre, des parfums de la
pluie, de la caresse du vent.
Il a mis au point pour survivre
toute une série d'astucieux stratagèmes .L'été, c'est plus simple...Il
dort à la belle étoile sur un banc, dans un square, à même
l'herbe...Mais l'hiver, lorsque la nuit tombe tôt, il a pris l'habitude
aux alentours de 16 heures d'entrer dans une église puis de s'enfermer
dans le confessionnal. Et c'est là que le sommeil le prendra.Toutefois,
reconnaissant de cette généreuse hospitalité, il n'oublie jamais de
remercier Dieu d'une courte prière avant de s'endormir dans ce refuge
de fortune.
Ainsi squatte-t-il!